mercredi 19 juin 2013

Bruce Springsteen - Wrecking Ball Tour - Paris - 5 juillet 2012

Il est difficile – pour ne pas dire impossible – de parler de Bruce Springsteen sans mentionner ses performances live : des concerts-marathons de 3 heures ou plus, où le public finit sur les rotules après un show monumental. Pas de feux d’artifices, ni d’éclairages sophistiqués ou de mise en scène savante. Non, vous avez juste un groupe d’enfer, le E Street Band, qui vous balance calmement le meilleur de son répertoire, dans des versions bourrées d’énergie et de punch, et qui ne compte pas ses heures. Bref, le Boss sur scène, il faut avoir vu pour comprendre.

Pour le Strapontin, c’était la quatrième fois, après Lyon en 1981, La Courneuve en 1985 et Vincennes en 1988. Longue pause ensuite. Comme je l’ai mentionné dans la chronique de son dernier album, sa production ne m’enthousiasmait pas plus que ça, et il était devenu impossible de le voir ailleurs que dans des stades, ce qui pour moi est le degré zéro du concert : places hors de prix et visibilité approximative. Aussi, la perspective d’un concert à Bercy était finalement plus qu’alléchante. Certes, ce n’était pas l’Olympia ou la Mutualité, mais malgré un sentiment mitigé sur son petit dernier, Wrecking Ball, je m’étais dit qu’il était plus que temps de renouer avec le Boss, d’autant plus que la parution de certains concerts en DVD m’avait bien mis l’eau à la bouche.





Bercy, le 5 juillet dernier, 21 heures : après quelques mesures de La Vie en Rose, le show s’ouvre sur The Ties That Bind, un titre de The River. Puis, histoire de bien enfoncer le clou, une palanquée de vieux morceaux, issus de Born in the USA ou de Darkness. Inutile de dire que ça commence très fort ! Petite pause sur le dernier album, avec un We Take Care of Our Own qui déchaîne carrément le public, et un ou deux titres qui sonnent plutôt bien, en particulier Death to my Hometown et ses échos irlandais. Et ça continue de plus belle avec un détour par les premiers albums, qui personnellement m’ont toujours laissé un peu froid. Ca fait un intermède un peu léger mais les fans hardcore ont certainement dû être comblés. Retour aux choses sérieuses avec un Because The Night furibard et surtout l’excellent She’s The One, un de mes morceaux préférés de Born to Run, délivré dans une version magnifique. Le temps d’un ou deux speed numbers et voilà Waiting on a Sunny Day et son ambiance festive : Bruce nous la joue façon Ecole des Fans en faisant monter une petite fille sur scène pour l’accompagner au chant et faire des glissades !


Et ça continue comme ça pendant 3 heures et 40 minutes ! Oui, vous avez bien lu ! Record battu pour un concert à rallonge, justifié il est vrai par la présence dans le public de la maman du Boss et de sa belle-famille. Mais bon, même sans ça, Springsteen ne vous aurait jamais torché un set à la va-vite, genre à 22 heures tout le monde au lit. Ca m’a toujours épaté, cette incroyable générosité du personnage, qui prend plaisir à faire ce qu’il fait et en donne toujours plus à son public. On ne garde pas le pied au plancher sur des shows comme celui-là si on n’éprouve pas un minimum d’enthousiasme à jouer. C’est le paradoxe d’un artiste qui sait remplir des stades mais vous donnera l’impression de ne jouer rien que pour vous.










Et puis, il ne faut pas oublier le E Street Band, soudé comme jamais et qui se promène littéralement sur son vaste répertoire à un point tel qu’il peut se permettre d’improviser totalement une setlist d’un soir sur l’autre ou même de jouer à la demande des morceaux réclamés par le public. Sur les deux soirs joués à Bercy, on trouve des titres totalement différents, mais toujours piochés parmi les grands classiques ou les perles méconnues. Puisqu’on parle des musiciens, difficile de ne pas mentionner Jake Clemons, le neveu du Big Man, qui assure brillamment, soutenu par une solide section de cuivres. Et Springsteen n’oublie pas son vieux complice, interrompant un Tenth Avenue Freeze-Out endiablé par une projection de photos de Clarence Clemons. Moment formidable et émouvant qui en dit long sur l’humanité et l’authenticité d’un artiste qui ne triche pas avec son public.




« Fatigué ? », lance-t’il à son public avant d’attaquer les traditionnels hymnes de fin de concert. Born to Run et Thunder Road, toujours aussi galvanisants. « Fatigué ? ». Glory Days, pourtant moyen sur disque, mais toujours aussi génial en live. « Fatigué ? » : sur un Dancing in the Dark endiablé, il fait monter sur scène sa fille Jessica. Entre temps, il aura été ranimé par ses musiciens, porté à bout de bras par le public, bref à 62 ans, le Boss a plus que la pêche.








J’avais souvent tendance à dire qu’un concert de Springsteen annulait et remplaçait les précédents. Cette dernière tournée prouve l’incroyable énergie qui habite toujours le Boss, mais aussi l’aisance avec laquelle il joue avec tout son répertoire pour nous fournir une playlist toujours réinventée, mais qui sait rester axée sur les moments-clé de sa carrière. S’il ne refera pas un Born to Run ou un Darkness (et d’ailleurs, est-ce qu’on le lui demande ?), il sait toujours les faire vivre et vibrer au gré d’une sarabande rock formidablement chaleureuse et communicative. Concert de l’année, haut la main ! Il revient quand ?


     La Setlist:
  1. The Ties That Bind
  2. No Surrender
  3. Two Hearts
  4. Downbound Train
  5. Candy's Room
  6. Something in the Night
  7. We Take Care of Our Own
  8. Wrecking Ball
  9. Death to My Hometown
  10. My City of Ruins
  11. Spirit in the Night
  12. Incident on 57th Street
  13. Because the Night
  14. She's the One
  15. Working on the Highway
  16. I'm Goin' Down
  17. Easy Money
  18. Waitin' on a Sunny Day
  19. Apollo Medley
  20. For You
  21. Racing in the Street
  22. The Rising
  23. Out in the Street
  24. Land of Hope and Dreams
Rappel:
  1. We Are Alive
  2. Thunder Road
  3. Born to Run
  4. Glory Days
  5. Seven Nights to Rock
  6. Dancing in the Dark
  7. Tenth Avenue Freeze-Out

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