mardi 24 novembre 2015

New Order - Casino de Paris - 4 novembre 2015

 

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Après avoir brillamment remis les compteurs à zéro et exécuté un remarquable reboot avec l'enthousiasmant Music Complete, la nouvelle mouture de New Order était attendue au tournant, et devait encore convaincre sur scène. D'accord, la tournée de 2012 avait montré de quoi le groupe était capable, mais il restait tout de même à voir si tout cela tiendrait sur la distance. La réponse est mi-figue mi-raisin. New Order nouvelle manière est désormais caréné pour le futur, mais pêche encore dans certains domaines.


14Au niveau de la performance, tout le monde a trouvé ses marques, c'est l'évidence même. Parfaitement rodé, le nouveau line up sait parfaitement transcender les chansons les plus populaires, comme l'ont prouvé les remarquables versions de True Faith (un classique qui s'impose tournée après tournée comme un des grands moments du show) ou de The Perfect Kiss. Mais il sait aussi redonner une nouvelle vigueur à son répertoire, comme l'ont prouvé les nombreux morceaux anciens disséminés durant le concert.

 

 

 

 

4Le moins qu'on puisse dire, c'est que New Order a joué la diversité. Beaucoup d'ancien, donc, en particulier des titres issus du deuxième album, Power, Corruption & Lies, ou du moins de cette époque, car le groupe s'était alors fait une spécialité de sortir des singles hors album. On retrouve donc la majorité des grands classiques indétrônables des débuts : Ceremony, Temptation, Blue Monday… Une playlist plutôt familière, à laquelle viennent s'ajouter des choses plus rares, mais tout de même très emblématiques : Age of Consent, 586, Lonesome Tonight... On a même droit à un excellent Your Silent Face, magnifié par une superbe vidéo projetée en fond de scène.

 

 



 

7Mais alors, me diras-tu cher lecteur, de quoi se plaint-on ? Au milieu de tout cela, le nouvel album se fait une place conséquente, mais qui n'est pas forcément celle qu'on attendait. Après un Singularity joué en intro et un Restless un peu pépère, c'est l'axe dance music que le groupe va exploiter à fond : Plastic, Tutti Fruti, People on The High Line ne déchaînent pas vraiment le public, même s'ils passent plutôt bien sur scène. Vraiment dommage qu'avec un aussi bon album dans sa musette, New Order n'ait pas davantage misé dessus. Pas de Superheated ni d'Academic, donc. Au lieu de cela, une setlist qui, sur la fin, ressemble à du déjà entendu, avec le quart d'heure obligatoire Joy Division. En soi, c'est bien mais ça n'est guère original. Malgré ce contenu familier, on est un peu déçu aussi que le merveilleux Regret soit passé à la trappe au profit d'un Crystal qui commence à s'user.

 

 

 

12Ceci dit, sur le plan de la mise en scène, c'est du haut niveau. Les effets d'éclairage et les projections vidéo sont réglés au millimètre et en très nette évolution par rapport à la tournée précédente. C'est souvent très très spectaculaire et on a enfin l'impression que le groupe bénéficie enfin d'un écrin visuel digne de lui. Auparavant, on avait parfois l'impression de voir un petit groupe indé. New Order version 2015, c'est une grosse machine qui joue dans la cour des grands. Conséquence de cela, nos gars de Manchester deviennent légèrement tributaires de tout cet aspect visuel. Pour preuve, l'ordre des morceaux est pratiquement inchangé sur les premières dates de leur tournée. Il faut espérer qu'avec le temps, ils prendront confiance et se permettront quelques petits écarts et une ou deux prises de risque. 

 



 

5Enfin, signe que New Order prend visiblement plaisir à jouer, le set est enfin d'une durée conséquente : pas moins de 19 morceaux et plus de deux heures de concert. Pour les vieux fans qui, comme moi, se souvenaient encore d’un concert scandaleusement court à la Mutualité en 87, ça fait plaisir. On est décidément loin des prestations bouclées rapidos dont le groupe s'était fait une spécialité et c'est une bonne chose. Après tout, il faut bien ça pour balayer plus de 30 ans de carrière, Cure l’a bien compris en proposant des concerts-fleuves de plus de 3 heures. Si on se doute bien que New Order est encore loin du compte, c’est un réel plaisir que de les voir s’investir davantage sur scène et prendre le temps pour leur public.

 

 



En résumé, un concert enthousiasmant pour ceux qui pouvaient douter de l’avenir du groupe. Il leur reste à présent à diversifier un peu leur playlist, et à oser certains morceaux moins connus, car si on est toujours content de se trémousser sur Blue Monday, New Order, c’est quand même un petit peu plus que ça. Mais en attendant, entre mise en scène superbe et énergie communicative, ils entament avec brio cette nouvelle étape de leur évolution.


17Setlist:

Singularity
Ceremony
Crystal
Age of Consent
586
Restless
Lonesome Tonight
Your Silent Face
Tutti Frutti
People on the High Line
Bizarre Love Triangle
Waiting for the Sirens Call
Plastic
The Perfect Kiss
True Faith
Temptation
Rappel :

Blue Monday
Atmosphere
Love Will Tear Us Apart

vendredi 30 octobre 2015

New Order - Music Complete

Mute Records

new-order-music-completeOn avait quitté New Order au lendemain de sa rupture avec le bassiste Peter Hook, presque sur un clap de fin. Réformés à l'occasion d'une série de concerts caritatifs (voir notre compte-rendu strapontinesque ici), on les imaginait presque en train de bruler leurs dernières cartouches avant la dissolution. Que nenni ! Le groupe a même trouvé cette expérience tellement revigorante qu'il a enchainé direct sur une tournée. Mais tout cela ne garantissait pas forcément la continuation de l'aventure. Juste histoire de remettre les pendules à l'heure, New Order sort donc aujourd'hui ce Music Complete, qui est tout bonnement leur meilleur album depuis ... oula !... depuis au moins 25 ans ! Depuis Technique, en fait. 

On pensait que les grands groupes se relevaient rarement du départ d'un de leurs membres-clé. Les faits ont prouvé le contraire : Pink Floyd et Genesis ont continué d'exister après le départ de Roger Waters et de Peter Gabriel. En moins bien, certes, mais ils ont tenu le coup. Donc New Order sans son bassiste emblématique, on se doutait bien que ça pouvait marcher. Ce qui épate, par contre, c'est que le groupe ait retrouvé un plaisir de jouer qui est franchement communicatif.

Car ce qui frappe aux premières écoutes, c'est le ton résolument dance, électro à fond les gamelles, à des lieues de la cold wave des débuts. Plastic a des faux airs de Giorgio Moroder, avec son beat à la Donna Summer et la voix italienne sur Tutti Frutti a de quoi faire grincer des dents. Et pourtant, tout cela est enlevé avec un enthousiasme tellement contagieux que l'affaire est pliée en deux temps trois mouvements.

 

 

 

CaptureMusic Complete n'oublie pas pour autant les hymnes à la New Order, ces chansons à la coloration gentiment nostalgique qui ne sont pas forcément charpentées comme des hits, mais qui s'imposent comme des classiques du groupe. En tête de liste, l'excellent Academic et le superbe Superheated, sur lequel le chanteur des Killers, Brandon Flowers, vient prêter main forte. Un juste retour des choses, puisque le groupe avait piqué son nom dans la vidéo de Crystal. Et puisqu'on parle de guest stars, on trouve aussi Iggy Pop venu faire une prestation à la Vincent Price sur le curieux Stray Dog.

 

 

Il y a bien un ou deux morceaux plus dispensables, comme Nothing But A Fool ou Unlearn This Hatred, mais dans l'ensemble, ce Music Complete fait carton plein. Il est clair que les expériences solo des membres du groupe, que ce soit à travers Electronic, Bad Lieutenant ou The Other Two, ont enrichi le résultat. Et on en vient à se demander si finalement le départ de Peter Hook ne leur a pas été bénéfique. Avec un album d'un tel calibre, la question ne se pose même plus. Reste à présent à voir le résultat sur scène et la tournée qui va suivre. Le Strapontin y sera.

 

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