mercredi 16 juillet 2014

Genesis - Duke

genesis-duke-uasAh, Genesis ! Rien que d’en parler, ça rameute une foule de souvenirs, et pour cause ! Un groupe qui a tout de même réussi à se maintenir sur plusieurs décennies, tout en changeant radicalement son fusil d’épaule, ça en couvre une sacrée tranche. Et du même coup, il y en a un peu pour tous les gouts et pour tous les fans. Il y a la période baba-cool, celle des grandes épopées de rock progressif, menée par Peter Gabriel. Puis l’arrivée de Phil Collins, et l’orientation vers un son de plus en plus pop. Mais avec toujours en filigrane, ce talent du groupe pour les compositions travaillées et ambitieuses.

L’album qui nous intéresse, Duke, n’est pas un des plus célèbres du groupe. Il intervient dans la discographie de Genesis à une période où le groupe se cherche. Usés par les tournées, ils s’octroient un break plus long que prévu, l’occasion pour chacun des membres d’y aller de son petit album solo. Banks et Rutherford sortent respectivement A Curious Feeling et Smallcreep’s Day, des disques plutôt estimables mais tout de même très inspirés de Genesis. Seul Phil Collins se détache du lot en signant des compositions qui tranchent radicalement avec ce qu’il a pu faire avec le groupe. Il faut dire que le batteur traverse alors une crise familiale difficile. En plein divorce, il écrit des chansons très personnelles dont la plupart se retrouveront d’ailleurs sur son premier album solo, Face Value.

Toute la puissance de Duke est là : du début à la fin, c’est un album rempli de sentiments forts et de douleur. Fini les balades épiques ou doucereuses. Genesis attaque les années 80 avec un album intense et pourtant rempli d’humanité. On y parle de séparation et de solitude, sur fond d’instrumentaux virtuoses (Behind The Lines) ou de balades mélancoliques (Heathaze). Les trois compères s’y donnent à fond, que ce soit dans un Man of Our Times à la batterie déchaînée ou dans la longue suite instrumentale (Duke’s Travel/Duke’s End) qui clôture magistralement le disque et que le groupe aura le bon goût de reprendre lors de sa tournée d'adieu en 2007. Et puis il y a aussi le tube, Turn It On Again, une des meilleures chansons du groupe qui sera également l’un de leurs plus gros succès.

Avec Duke, le trio expérimentait la recette qu’il utilisera sur tous ses albums suivants : des chansons qui naissent de jam sessions improvisées dont ils récupèrent des petits bouts par-ci par-là. Une bonne moitié – la plus réussie – est signée Banks/Collins/Rutherford, mais les chansons « individuelles » font également mouche, telle cette touchante méditation sur la solitude qu’est Alone Tonight de Rutherford ou encore Please Don’t Ask de Collins, au texte très émouvant. C’est cette profonde sensibilité qui fait tout le prix d’un disque unique et attachant qui, s’il n’hésite pas à s’accorder quelques breaks virtuoses et vertigineux, sait tout de même rester à taille humaine.

 

Les Différentes Editions
vlcsnap-2014-07-18-16h06m14s140L’industrie discographique sait y faire pour que le fan de base repasse à la caisse. Les albums de Genesis ont donc été déclinés en innombrables versions remasterisées ou ultimate. Fort heureusement pour les petits veinards qui découvriront l’album après avoir lu cette chronique, une salve récente de rééditions a tout de même fait les choses bien en proposant le CD dans une version qu’on pourrait presque qualifier de définitive. Le son a été remixé en 5.1 de manière très efficace, et le disque propose des mixages Dolby Digital, DTS et SACD, qui permettent d’en redécouvrir toutes les nuances. Genesis se rapprochait alors d’un son plus brut, avec une batterie très en avant, dont le punch est ici parfaitement restitué.

 

 

 

 

Il y a également des interviews rétrospectives qui reviennent en détail sur la création de l’album. C’est passionnant, mais réservé aux anglophones de bon niveau (il faut pouvoir suivre le débit mitraillette de Tony Banks) car elles ne sont hélas pas sous-titrées en français. Carton rouge pour l’éditeur !

pc9

Également au menu, de longs extraits vidéos d’un live de 1980, enregistrés au Lyceum de Londres, qui est réputé pour être l’une des captations les plus réussies de la tournée Duke. Malheureusement, audio et vidéo sont un peu à la ramasse. L’image accuse son âge et le son manque de clarté. Néanmoins, c’est un témoignage très intéressant sur la performance scénique du groupe à l’époque, avec ses effets très élaborés. Enfin, pour finir, on y trouve également les clips de l’album et une reproduction du programme de la tournée. Il y a donc largement de quoi contenter le fan le plus exigeant.

pc8

Les Clips
Genesis première manière, au niveau des clips, c’était… disons, un peu naze. C’était bien avant que le groupe ne joue avec son image et mise sur des vidéos décalées. Du coup, les clips réalisés pour l’album sont plus ridicules qu’autre chose. Dans Duchess, on voit Collins, Banks et Rutherford déambuler en imper façon pervers pépère dans un vieux théâtre, et pour Misunderstanding, c’est Collins en chemise hawaïenne, qui court d’une cabine téléphonique à l’autre. Seul le clip de Turn It On Again, un playback correctement filmé et plutôt bien éclairé, sort réellement du lot. Mais bon, avec un morceau pareil, la vidéo la plus nulle aurait pris des allures de chef d’œuvre !

pv10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire